Menaces sur les chondrichthyens en France
* Le groupe des chondrichthyens (Chondrichthyes Huxley, 1880 ; du grec chondros, « cartilage », et ichthyos, « poisson »), ou « poissons cartilagineux », comprend actuellement les requins, les batomorphes (torpilles, poissons-scies et raies au sens large) et les chimaeroïdes (chimères). Les requins et batomorphes sont rassemblés sous le nom d'élasmobranches – Encyclopédie Universelle.

Dulvy et al. 2014 nous informe, dans une étude publiée en janvier, que près de 25% des 1041 espèces de requins, raies et chimères du monde sont menacées d’extinction. Ces chiffres ont été obtenus en se basant sur la liste rouge de l’IUCN (ou UICN en français : Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Ce sont donc 249 espèces qui sont menacées principalement à cause de la surpêche (accidentelle et ciblée dont la pêche pour le finning). Les espèces les plus imposantes et évoluant dans les eaux les moins profondes sont le plus concernées. Concernant les requins, sur les 465 espèces connues à ce jour, 16% d’entre elles sont menacées. Cette étude a également permis de cibler les zones géographiques où la biodiversité des requins est particulièrement menacée. Ainsi les populations de chondrichtyens du triangle de l’Indo-Pacifique, de la Mer Rouge ainsi que de la Mer Méditerranée sont les plus en danger.

Seulement 37% des espèces peuvent être considérées comme en « sécurité ».

Au niveau français, d’après UICN, 2013, 11 espèces de requins et raies (dont 6 espèces de requins) sont menacées sur les 77 existantes. Les données concernant les chimères sont insuffisantes pour pouvoir les classer. La pêche est également la principale cause de ces menaces depuis sont développement dans les années 80 pour combler le manque de stock de poissons dit « conventionnels ». Par exemple le squale chagrin d’atlantique (Centrophorus squamosus) a vu sa population s’effondrer en seulement 12 ans, ce qui a entrainé l’arrêt de la pêche par manque de rentabilité. L’ange de mer commun (Squatina squatina) également largement présent sur nos côtes françaises par le passé est désormais classé « En danger critique » en raison de sa surpêche. Les autres espèces menacées sont le requin chagrin (Centrophorus granulosus), le requin taupe commun (Lamna nasus), l’aiguillat commun (Squalus acanthias) et le requin pelerin (Cetorhinus maximus).

La situation est donc préoccupante et l’est peut être encore plus que ce qu’il n’y paraît. En effet, beaucoup d’espèces sont classées en données insuffisantes mais sont peut être tout de même menacées.
Par exemple : l’émissole tachetée Mustelus asterias, des roussettes Scyliorhinus canicula et Scyliorhinus stellaris, toutes trois commercialisées sous le nom trompeur de saumonette et dont la pression de pêche est en augmentation.

Résumé : Aymeric Bein.

 

Références

Dulvy N.K., Fowler S.L., Musick J.A., Cavanagh R.D., Kyne P.M., Harrison L.R., Carlson J.K, Davidson L.NK, Fordham S.V., Francis M.P., Pollock C.M., Simpfendorfer C.A., Burgess G.H., Carpenter K.E., Compagno L. JV., Ebert D.A., Gibson C., Heupel M.R., Livingstone S.R., Sanciangco J.C., Stevens J.D., Valenti S., White W.T., 2014. Extinction risk and conservation of the world’s sharks and rays. eLife 2014;3:e00590 : 34 p.

UICN, 2013. La Liste rouge des espèces menacées en France. Dossier de presse – 17 décembre 2013. 13 p.

Plus d’infos, de synthèses et de résumés sur les requins : visiter la page « Savoirs et sciences sur les requins ».